Par sa présence, le groupe Limousin de l’Union pacifiste, section française de l’Internationale des résistants à la guerre (IRG) assume une de ses missions, afin de réparer les énormes pertes de mémoire de l’histoire officielle.
L’IRG a été fondée à Bilthoven (Hollande) en 1921 par des insoumis et objecteurs de conscience, qui s’étaient dressés contre les monstrueux crimes contre l’humanité commis par les généraux, lors de la première guerre mondiale.
D’ailleurs, au printemps 2014, à Limoges, l’Union pacifiste a prévu qu’un tribunal composés de citoyens et de juristes internationaux se prononce enfin sur l’impunité de ces chefs militaires « limogés » ou non.
Rappelons que la loi quinquennale de programmation militaire 2014-2019 prévoit que les forces spéciales passeront de 3 400 à 4 400 personnes (et que la garantie d’anonymat les met à l’abri de toute poursuite juridique).
Respect à Runham Brown, insoumis anglais, premier président de l’IRG. Il a lutté toute sa vie pour sortir les déserteurs et insoumis des prisons et pour leur réhabilitation. En France, Robert Porchet a été libéré du bagne grâce à l’action de l’IRG (voir le livre de Michel Valette De Verdun à Cayenne).
Respect à Roger Monclin, auteur des Damnés de la guerre et rédacteur du journal La Patrie humaine de 1931 jusqu’en 1939. Il a été un des initiateurs des campagnes pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple. En 1961, il comptait parmi les pères fondateurs de l’Union pacifiste de France, avec Robert Jospin (le plus brillant de tous les conférenciers pacifistes), Raymond Rageau, Louis Lecoin, Jean Gauchon, et tant d’autres.
Qui se souvient qu’en 1916, face aux incroyables pertes humaines dont témoignent les cimetières militaires géants (comme celui d’Ypres avec 47 000 ensevelis), les généraux du Royaume-Uni arrachent la conscription de tous les hommes de dix-huit à quarante-et-un ans ? Pourtant, logiques avec eux-mêmes, nos voisins d’Outre-Manche avaient prévu que seraient exemptés les objecteurs de conscience !
Respect aux 16 000 objecteurs anglais qui, de 1916 jusqu’à l’armistice, ont bravé les cours martiales, affronté le rejet total par une société droguée à la religion sanglante du patriotisme, qui ont survécu malgré les interdits professionnels et leur excommunication sociale. Ils ne faisaient qu’exercer leur droit au refus de tuer, reconnu depuis par l’ONU comme le fondement de toutes les libertés individuelles, mais qui reste totalement incompatible avec le port des armes et avec l’existence des armées.
Côté Français, Jean-Julien-Marie Chapelant, d’Ampuis (Rhône), sous-lieutenant au 98e RI, fusillé pour l’exemple en octobre 1914, n’a été réhabilité qu’en 2012, par un ministre des Anciens combattants.
Les 298 fusillés de Vaingré, près de Soissons (Aisne), pour avoir reculé devant l’ennemi : Réhabilités en 1921.
Les exécutés sommairement à Souins (Marne) ou à Flirey (Meurthe-et-Moselle), où a été fusillé l’anarcho-syndicaliste creusois Prébost, qui a désormais sa plaque à Saint-Martin-Château.
Les 30 fusillés de Craonne (Aisne), au Nord-Ouest de Reims, en 1917 : du 16 avril au 10 mai, 300 000 hommes sont engagés dans cette zone. Dès les premiers jours de l’attaque, 30 à 40 000 hommes sont hors de combat, c’est à dire la moitié d’un corps d’armée. Le 15 mai, arrêt de l’offensive : le général corrézien Nivelle est limogé et remplacé par Philippe Pétain qui fait immédiatement fusiller 43 hommes.
Les 6 300 hommes d’origine africaine morts au feu, par manque de soins ou à cause du froid, sur 10 000 hommes commandés par le général Charles Mangin (63 % de pertes !).
En juillet 2014, l’IRG associera ces victimes asiatiques et africaines à nos campagnes actuelles (pour l’arrêt de la militarisation de la jeunesse, contre les profiteurs de guerre, pour l’abolition de l’Organisation terroriste de l’Atlantique Nord), lors de sa première AG sur le continent africain, au Cap (Afrique du Sud).
Constatons que tous ces réfractaires à l’armée, qu’Albert Einstein qualifiait de « véritables pionniers d’un monde sans guerre », ne sont toujours pas entrés dans la mémoire collective. Pour des milliers de rues dédiées au massacreur Joseph Joffre, combien de plaques bleues au nom de Louis Lecoin, insoumis à toutes les guerres ?
Constatons que sont ignorés par les Conseils municipaux les pacifistes qui ont sauvé dans la discrétion nombre de vies humaines, en exerçant leur droit au refus de tuer et en résistant aux côtés de toutes les victimes, lors de la deuxième guerre mondiale, lors des conflits d’Indochine, d’Afrique du Nord… sans oublier les criminels refus d’asile pour les actuels déserteurs d’Afghanistan, d’Érythrée ou de tant d’autres pays en conflit.
Aujourd’hui à Gentioux, l’Union pacifiste exprime sa fidélité envers tous les orphelins de guerre, comme celui de ce monument, qui lève le poing, et crie indigné :
devant le meurtre de 900 hommes par jour pendant quatre ans,
devant l’inique impunité des chefs d’armées sur bientôt cent ans : la prétendue Défense nationale n’est jamais qu’un ministère de la guerre, à abolir de toute urgence par toutes celles et ceux qui ne veulent pas crever.
Maudits soient les militaires !
Maudits soient les profiteurs de guerre !
Vivent les déserteurs de tous les pays !
Discours prononcé le 11 novembre par René Burget devant le monument aux morts « pacifiste » de Gentioux (Creuse).
Union pacifiste Groupe du Limousin, 58, rue du Chinchauvaud, 87100 Limoges