Les tueurs qui ont assassiné nos amis de Charlie Hebdo sont bêtes et méchants.
Au premier degré malheureusement. Parce que nos amis quand ils revendiquaient ce concept, n’étaient pas crédibles. Il n’y avait pas plus gentil que l’équipe de Charlie et avant, celle de Hara-Kiri. Gentils et intelligents au delà de la moyenne.
Il fallait l’être, pour défendre comme ils l’ont fait pour les plus anciens pendant plus de quarante ans, les idéaux nobles que sont la laïcité, la justice, le pacifisme, la tolérance.
D’une manière générale, ceux qui adoptent la non-violence comme arme se placent bien haut au-dessus de ceux qui ne voient pas plus loin que le bout du canon de leur fusil.
Depuis les débuts de l’anarchisme et du pacifisme, on voit que ces idées ont été portées par les esprits les plus élevés. Pour le dire autrement, les anarcho-pacifistes ont toujours défendu les idées les plus avancées.
Des gens qui étaient, qui sont, hélas ! très en avance sur la majorité silencieuse ou pas.
Il y a certainement de plus en plus de gens qui partagent ces idées, mais il y en a aussi de plus en plus qui restent, on va dire « reptiliens ». Il y en a quand-même qui, après l’attentat du 7 janvier, déplorent la disparition, en France, de la peine de mort, il faut le dire !
La différence est énorme, entre ceux qui réagissent ainsi, et ceux qui ont péri parce qu’ils croyaient en la liberté d’expression.
Même si nous critiquons la société dite démocratique dans notre pays, il faut reconnaître qu’elle était encore capable jusqu’à ces jours, de protéger les « cerveaux » contre les « petits pois ».
Si les anars n’ont pas besoin de police ni d’armée, pour savoir qu’ils ne doivent pas trucider les autres, ceux qui ont un « petit pois » à la place du cerveau, eux, ont besoin de lois, de flics, de juges pour les empêcher de suivre leurs bas instincts.
La cohabitation entre ces deux catégories d’êtres humains est effrayante !
La même espèce humaine a donné des Elisée Reclus, Théodore Monod, Jean Gauchon, Louis Lecoin, Maurice Laisant ou Pierre-Valentin Berthier d’un côté, mais de l’autre, des Fourniret, Bigeard, Aussaresse, Le Pen, Zemmour, pour ne prendre que quelques noms de notre époque ou pas très loin.
Donc, les tueurs de Charlie Hebdo, avons-nous dit, sont méchants, c’est incontestable, et bêtes, parce qu’il faut l’être pour penser qu’en supprimant des vies, on supprime un idéal. Ce sont des primitifs. On aurait tendance à dire, des « moyen-âgeux » en pensant à l’Inquisition, mais ça serait irrespectueux pour cette période de notre histoire qui fut aussi celle d’une révolution industrielle, architecturale, culturelle, incontestable.
Ils ont la même intolérance, les mêmes manières de « penser » si j’ose dire, que les inquisiteurs, les croisés, les persécuteurs d’esprits libres tout au cours de l’histoire.
Ils n’ont pas évolué. Ils ont toujours pour obsession d’enlever la vie à ceux qui ne pensent pas comme eux.
Ce qui a changé, c’est le monde autour d’eux, et notamment les moyens matériels que leur a fourni le progrès technique.
Ils disposent d’avions, pour se rendre rapidement d’un point à l’autre du globe, de téléphones pour correspondre, d’Internet pour se renseigner, et surtout, d’armes très meurtrières d’accès facile.
La disproportion est énorme, entre les moyens d’expression dans les deux catégories humaines. Malgré l’outil informatique, c’est toujours avec un crayon que dessinateurs , correcteurs et écrivains s’expriment, comme au cours des siècles précédents.
Pour mener une inquisition au Moyen-Âge, il fallait être roi ou pape pour lever une armée, et les tueries se faisaient au corps à corps ou sous forme de supplice dans les cachots, mais sans rapport avec ce que peuvent faire aujourd’hui deux abrutis déterminés avec des armes automatiques.
Le résultat est effroyable. Or ce ne sont pas des crétins comme eux que ces assassins ont exterminés, mais de véritables encyclopédies. Quand on a lu leurs livres et leurs articles pendant les précédentes décennies, on sait évaluer la valeur de ces Hommes avec une majuscule.
Ils étaient nos amis, nos grands-frères, ils nous remontaient le moral dans nos moments de faiblesse.
Ils avaient fait le pari de rire de la bêtise et de la méchanceté.
Ils l’auraient perdu si personne ne prenait la relève.
Mais il semble que déjà se profile une nouvelle équipe, un nouveau journal, qui sera, nous en sommes certains, capable de poursuivre cette lutte absolument nécessaire, pour la liberté d’expression, pour la laïcité, pour la Paix.
A.T.