L’HEURE est aux confinés, l’heure est au confinage ! Sage précaution, car le confinage évite l’épidémie, les virus, les microbes et leur propagation. Aussi, sommes-nous absolument d’accord pour le confinement de la totalité des bestioles qui volent actuellement dans les airs, les drôles d’oiseaux, les anges, les bombardiers, les missiles, etc.
Certes le confinage est une entreprise grandiose, car s’il faut absolument confiner tout ce qui vole, je crains que les volières et les poulaillers s’avèrent à l’usage d’une ridicule étroitesse ! Confiner un poulet, confiner deux poulets, d’accord, c’est possible. Confiner tout un commissariat, c’est déjà plus délicat. Confiner tous les commissariats de l’Hexagone, c’est aléatoire ! Pourtant, il est nécessaire de confiner.
En particulier, c’est le moment ou jamais de confiner, parmi les oiseaux, ces drôles d’oiseaux qui volent : tous les avions militaires avec l’équipage et le matériel à l’intérieur. Il est clair que ces volatiles sont extrêmement préjudiciables à la santé des êtres humains, et cela sur l’ensemble de la planète ! Il suffit de s’intéresser un peu aux actualités télévisées, par exemple, pour constater l’ampleur des dégâts causés par cette épidémie, cette pandémie de militaires volants !
Il y en a partout et la nocivité de ces animaux-là est évidente.
Aucune association de défense n’osera nous contredire ! Aucun écologiste sérieux ne souhaitera s’engager dans la protection de ces nuisibles ! On peut, évidemment, envisager des battues, mais l’expérience a prouvé que cette tentative de destruction n’aboutit jamais qu’à de sanglants résultats. Car ces bestioles se défendent !
Non, le mieux est de les neutraliser sur place, en les enfermant dans leurs volières : les aéroports militaires. Ici, on a le choix. Ou bien on leur interdit le vol purement et simplement, ou bien on procède à une désinfection définitive avec des produits appropriés. Sans aller jusqu’à la réinstallation de chambres à gaz qui n’ont pas bonne réputation, on peut imaginer un produit paralysant qui bloquerait leur envol ou un antivirus qui supprimerait leur nocivité par un savant brouillage des mécanismes qui dirigent ces migrateurs, de plus en plus nombreux.
Supposons-les donc hors d’état de nuire.
Il restera alors tous les militaires qui ne volent pas et qui sont porteurs de maladies tout aussi graves. Et c’est ici le moment d’envisager le cas des « troupes ». La troupe, selon la définition du Petit Robert, est une « réunion de gens qui vont ensemble ou qui agissent de concert ». De concert ou de conserve, l’un ou l’autre se dit ou se disent, ainsi que le fit observer l’illustre grammairien Vauvenargues (1715-1747) lorsqu’il passa, d’ailleurs fort pacifiquement, « l’arme à gauche » à l’âge de trente-deux ans, ce qui est bien jeune pour un civil. A l’époque, avant de mourir, les grands hommes prenaient grand soin de prononcer des paroles historiques, bien senties, à seule fin d’instruire leurs successeurs. Je rappelle donc l’ultime phrase de Vauvenargues sur son lit de mort (Luc de Clapiers, marquis de), né à Aix-en-Provence : « Je m’en vais ou je m’en vas, l’un ou l’autre se dit ou se disent. »
Ce souci de précision l’honore et c’est toujours mieux que « Vive la France ! » ou « Sus à l’ennemi », que les caporaux de carrière mal éduqués écrivaient « Suce l’ennemi ». Indépendamment de la grossièreté lamentable du propos, l’aspect nettement défaitiste que peut induire cette construction grammaticale n’est pas de nature à faire gagner les guerres.
Mais ne digressons pas. La troupe est susceptible de transporter bien des virus de la « gueule de vache folle », qui se transmet par le sang lorsque la baïonnette sortant d’un ventre contaminé en pénètre un autre, qui ne l’est pas, et surtout lorsque l’homme de troupe qui utilise cet instrument de travail n’a pas pris soin de le nettoyer correctement après usage.
De toute façon, et d’une manière générale, les projectiles conservés dans ce qu’on appelle aujourd’hui improprement des silos sont rarement désinfectés. La propagation des maladies à virus en est d’autant plus accélérée. Sans compter que les troupes adverses sont assez fréquemment amenées à frotter leurs capotes réglementaires, dont l’hygiène laisse bien souvent à désirer, ainsi que chacun a pu le constater en respirant les odeurs qui émanent des casernements, dans tous les pays du monde.
J’ajoute que les troupes, pour ne pas dire les troupeaux, puisque, à l’origine, le mot est le même, transportent régulièrement des « fièvres » qui sont souvent « aphteuses » et non pas seulement « affreuses » comme le disent certains manuels d’instruction militaire peu exigeants sur l’exactitude du vocabulaire.
Or comment se prémunir des maladies transportées par ces troupeaux mal contrôlés qui déambulent sur toute la surface de la planète ? Doit-on les confiner ? Oui, évidemment !
Mais vu leur nombre ahurissant, on comprend que la tâche dépasse les moyens techniques absolument disponibles pour cette entreprise sanitaire.
Il faudra donc se résoudre, comme on l’a fait pour réguler le marché des autres vaches il y a quelques années, à l’abattage sur une grande échelle. N’oublions pas qu’il existe des millions de ces représentants de la race troupière ! C’est énorme !
L’abattage est, évidemment, sur le plan des droits de l’homme difficile à justifier. Toutefois, si l’on fait précéder cette solution finale d’une anesthésie convenable, je ne vois pas ce qu’il y aurait à redire, d’un point de vue humaniste.
Je conclurai simplement : confinons et abattons les troupes dans tous les pays du monde. Il y va de la santé des populations demeurées encore saines, en dépit de ces menaces permanentes.
Rolland Hénault